J’ai vécu longtemps caché des hommes
sur l’île de Patmos
cherchant l’apaisement dans les sentiers des signes.
Je me suis battu avec l’ange,
Succombant de douceur auprès d’elle
et de sa cuisse renaissant.
Ô âme éprise d’amour,
emprise de peine et de colère !
Au ciel filaient les nuages, les étés
se sont accomplis, les rosiers
sont devenus sauvages.
J’eus le silence en partage
dans le jardin déserté.
Et le temps en apanage :
ce fut l’affaire d’un demi-siècle.
Lors j’élevais des édifices
méta plutôt que physiques.
Fut-ce art ou bien artifice ?
Il en est seize que je préfère
bien qu’ils soient restés cryptiques
dissimulés dans la lumière.
Vie éphémère, tangible effort
pour s’extirper du néant !
De ce versant jusqu’au dévers
sur l’eau étale s’en vont deux cygnes
dont les silhouettes graciles
dans le miroir strié de vert
donnent figure à une énigme.
Est-elle trace ou bien stylet ?